La question de Jésus à l’aveugle qui mendiait, Bartimée, n’a-t-elle pas la même portée fondamentale ? Il s’agit pour cet homme qui croupissait dans son état d’extrême dépendance de déclarer fermement sa volonté d’en sortir. Or, sa réaction au passage de Jésus et à l’appel transmis par ceux qui le rabrouaient l’instant d’avant, manifeste cette résolution dynamisante. Il a devancé la guérison en agissant comme si elle était acquise : il rejette son manteau avec son état de vie passé, il bondit et court, à croire qu’il voyait déjà clair. En fait, cette grâce lui vient en tant que don anticipé émanant de Jésus qui passait. Cet homme figure à merveille le catéchumène prêt pour le baptême qui accomplira en lui la grâce du salut.
Et ceux qui rabrouaient devenant des appelants, qui figurent-ils, sinon ces chrétiens habitués, rechignés et moroses qu’une bonne conversion peut et doit changer en disciples missionnaires ? Encore faut-il le vouloir vraiment. Tant de velléitaires y songent un temps puis repartent tristes et battus, repliés sur leurs biens ordinaires comme l’homme riche de l’évangile d’il y a quinze jours, au lieu de « jeter leur manteau pour bondir et courir », tel le fils de Timée aujourd’hui. Certes, le ferme propos de viser la vie éternelle est déjà une grâce de Dieu : par nous-mêmes, nous sommes incapables seulement de le former. Mais sans l’accord de notre volonté Dieu ne peut rien, car il veut nous accueillir par amour.
Père Marc Lambret