06 Mar Édito et FIP du dimanche 9 mars 2025
1er Dimanche de Carême
PLUS PRÈS DE TOI MON DIEU
Ce cantique, Nearer, My God, to Thee en anglais, aurait été la dernière pièce jouée à bord du Titanic sombrant dans l’océan glacé. Si cette légende est incertaine, il est sûr en revanche que nous avons chanté de tout notre cœur en français au siècle dernier un cantique au style musical aujourd’hui suranné, et ces mots : « Dans tous mes désarrois, tu garderas ma foi ». C’était une époque de grand combat idéologique entre deux blocs : l’Est communiste athée au couteau entre les dents, et l’Occident qu’il menaçait autant de l’intérieur qu’en géopolitique. Ce drame qui semblait si loin au récent tournant du millénaire, le revoilà aujourd’hui. Mais dans une version grinçante, disloquée et caricaturée d’où les questions de foi en un Dieu proche ou dans des lendemains qui chantent ont été bannies au profit de considérations froidement brutales et prédatrices.
Le Veau d’or concrétise la tentation principale à laquelle Israël a succombé au désert. Dans l’évangile d’aujourd’hui, il correspond à la deuxième tentation de Jésus, quand le diable lui propose tous les royaumes de la terre en échange de son adoration. Nous avons du mal à penser que le Christ ait eu la moindre difficulté à repousser cette offre. Nous avons plus de mal encore à imaginer de quelle manière nous pourrons résister au veau d’or que nous voyons aujourd’hui prétendre à l’hégémonie sur tous les royaumes de la terre, donnant ainsi raison au pape Jean-Paul II qui prophétisait un danger plus grand dans l’athéisme pratique de l’Occident qu’en celui, théorique, de l’Est.
Quoi qu’il en soit de la réaction possible des forces de sagesse et d’humanité, les temps qui viennent s’annoncent difficiles, avec de grandes tentations suicidaires, comme de se jeter de haut par peur du déclin, ou égoïstes, comme de se livrer au chacun pour soi et pour son ventre. Si Jésus s’est laissé pousser au désert et tenter par le diable, c’était afin de nous apprendre à lui résister par la prière ancrée dans la Parole, par la Parole reçue en vérité parce que dans la prière. Le croyons-nous encore ? « Je crois en toi, mon Dieu, je crois en toi » chantions-nous jadis avec ferveur.
Père Marc Lambret