07 Déc Édito et FIP du dimanche 8 décembre 2024
2e dimanche de l’Avent – C
LE LIBÉRATEUR
Ce surnom magnifique, El Libertador, désigne un célèbre personnage de l’histoire latino-américaine. En tout pays la fin d’une occupation étrangère éprouvante et l’accession à la pleine souveraineté nationale donnent aux acteurs de tels évènements une stature qui les qualifie durablement dans le paysage politique. À l’inverse, quand le souvenir de ces heures dramatiques s’estompe et que leurs protagonistes disparaissent, il ne reste aux affaires que des personnes, par comparaison, plus ordinaires.
Au temps du Baptiste, le peuple était dans l’attente d’un tel héros. Pharisiens et Sadducéens s’opposaient, mais se ressemblaient comme élites s’accommodant du pouvoir. Les mouvements baptistes affichaient une visée plus spirituelle, rejoignant les aspirations des petits. Jean réussit à attirer largement les uns et les autres et prépare la route à Jésus qui se montrera aussi inclassable qu’irrécupérable. L’un puis l’autre annoncent une formidable libération : le pardon des péchés.
Notre humanité se fragmente en une multitude de nations qui, tour à tour, peuvent connaître le joug étranger, l’immense aspiration à la libération et, parfois, l’euphorie de son éclatante satisfaction obtenue ou non par l’action d’un « grand homme ». Mais tous les humains désirent profondément une liberté qu’aucune puissance de ce monde ne saurait leur procurer : celle d’une conscience vraiment délivrée de toute culpabilité. Or, c’est ce que seul apporte Jésus Christ, qu’on appelle donc à bon droit le « Désiré des nations ».
Si l’Église cessait de l’annoncer, elle ne serait plus l’Église de Jésus Christ. Certains disent que notre temps qui n’a plus le sens du péché ne saurait même simplement comprendre ce qui lui est ainsi formulé. Le mot s’est effacé de nos propos, mais la chose demeure et ronge les consciences : si tant d’officines offrent à tous leurs services pour les réconcilier avec eux-mêmes, c’est qu’ils se consument de ne l’être pas. Or, la paix avec Dieu ouvre à celle avec soi aussi bien qu’avec l’autre. Jusqu’où faudra-t-il que le prodigue se perde loin de lui-même pour revenir enfin à son Père et Libérateur ?
Père Marc Lambret