03 Jan Édito et FIP du dimanche 5 janvier 2025
Épiphanie du Seigneur
LES SEMENCES DU VERBE OU LE MYSTÈRE DE LA BONTÉ
Les catastrophes qui surviennent et les atrocités qui se commettent ne cessent de nous horrifier. Nous nous interrogeons sur leurs causes et sur les moyens d’en réparer les dégâts et d’empêcher qu’elles se reproduisent. Cela est bien. Mais, justement, d’où vient le bien qui se pense et se fait sans capituler jamais devant l’adversité ? Leibniz disait en latin, à la suite des Anciens : « Si Deus est, unde malum ? Sed si non est, unde bonum ? » Soit : « Si Dieu existe, d’où vient le mal ? Mais sinon, d’où vient le bien ? » L’Église professe que Dieu seul est éternel et qu’il n’a pas fait le mal, reconnaissant ainsi que, sur la première question, elle ne peut que renvoyer à ce que saint Paul appelle « le mystère d’iniquité » (2Th 2,7). Mais, quant à la deuxième, elle rétorque que justement tout bien vient de Dieu.
Ainsi, le Concile Vatican II a nommé « semences du Verbe » tout ce qu’il y a de bon dans les cultures païennes, et Dieu sait qu’il y en a ! L’Écriture l’atteste depuis le commencement jusqu’aux Mages d’aujourd’hui suivant l’étoile qui les amenait au Roi du ciel, en passant par Jérusalem et la science des scribes.
Nous nous extasions devant la nature et les splendeurs du vivant qui se déploient dans les êtres les plus minuscules comme dans la majesté des géants de la mer. Pourtant, la violence est omniprésente dans la lutte que mènent sans trêve petits et gros animaux qui se chassent et se dévorent à l’envi. Mais cette violence est sans malice : innocente, elle se couvre de la nécessité que les uns soient la nourriture des autres et qu’ainsi ceux qui perdent la vie la donnent à ceux qui les prennent. Le Puissant n’a-t-il pas inscrit ainsi dans sa création, déjà atteinte par le mal auquel l’homme avait ouvert la porte par son premier péché, une préparation évangélique à l’Eucharistie ? Elle est le mémorial du Mystère pascal, ce don de soi où Dieu accomplit l’Épiphanie, la manifestation, de sa Bonté infinie.
Père Marc Lambret