23 Jan Édito et FIP du dimanche 26 janvier 2025
3e dimanche du Temps Ordinaire
RÉÉCRIRE UNE HISTOIRE
‘‘Réécrire l’histoire’’, selon l’usage actuel, c’est déformer les faits et falsifier les documents, mentir en somme de toute manière, souvent pour soutenir une vision politique du présent, et parfois le pouvoir ou une force qui veut s’en emparer. Or, voilà que Luc, au seuil de son évangile, annonce la couleur : il a entrepris de réécrire l’histoire de Jésus à sa façon !
Sa méthode est pure : il s’agit de construire une narration logique où Théophile trouve confirmation de ce qu’il a appris au catéchisme. Ainsi, après ‘‘l’évangile de l’enfance’’, Luc place en tête du ministère public du Seigneur l’épisode de la synagogue de Nazareth comme une séance inaugurale. D’autres déplacements suivront par rapport à Marc et Matthieu.
Les quatre évangiles et les autres écrits du Nouveau Testament forment un témoignage polyphonique rendu au seul et même Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur. L’Écriture est une sorte de ‘‘synode d’auteurs humains’’, Ancien et Nouveau Testament compris ensemble, dont l’auteur divin est l’Esprit Saint. Quiconque la lit en lui et en Église y trouve la Vérité.
La vie des saints est aussi une lettre de Dieu écrite dans la chair de l’humanité (cf. 2 Co 3,4). Chacun, dans son existence marquée du sceau de l’Esprit qui donne à croire, à aimer et à espérer, constitue une sorte de réécriture de la vie du Christ : non comme une répétition en mode dégradé, mais comme une recréation dans la force de la résurrection.
L’unique objet de l’Écriture est la charité, note Pascal dans ses Pensées. Elle est témoignage rendu à la Charité de Dieu, à l’œuvre depuis le commencement pour arracher le monde tant aimé au pouvoir du décréateur. L’histoire tout entière sera ‘‘rétablie’’ à la fin, purifiée de tout mal dans le Fils, la Parole faite chair, l’amour qui ne passera jamais.
Père Marc Lambret