14 Déc Édito et FIP du dimanche 15 décembre 2024
3e dimanche de l’Avent – C
SOMMES-NOUS DEVENUS INSENSIBLES ?
La crise religieuse moderne serait-elle celle d’une « incapacité émotionnelle » généralisée, devant Dieu, devant sa création, devant les autres êtres humains ? C’est ce que dit le pape en citant le poète anglais T. S. Elliot qui s’exprimait en ce sens dans un texte de 1946. François place cette réflexion vers la fin de sa lettre sur le rôle de la littérature dans la formation, intitulée « Louée soit la lecture », de juillet dernier.
L’incendie de Notre-Dame, pourtant, a bien suscité une grande émotion mondiale. Et sa réouverture dans le délai incroyablement court de cinq ans fixé par le chef de l’État alors que le vénérable édifice fumait encore, tient à l’étonnant mouvement de générosité qui associa aussitôt dans un même élan petits et grands contributeurs passionnés. Ceux qui ont eu la chance de la redécouvrir depuis peuvent témoigner des beautés qu’elle offre à nouveau. Quel bonheur, en particulier, que de revoir les merveilleux décors sculptés de la clôture du choeur !
Mais le propos du pape porte sur la littérature. « Alors que nous ressentons les traces de notre monde intérieur au milieu de ces histoires, nous devenons plus sensibles aux expériences des autres, nous sortons de nous-mêmes pour entrer dans leurs profondeurs (…) en fin de compte, nous devenons des compagnons de route (…) avec empathie et parfois avec tolérance et compréhension (…)
Le regard de la littérature forme le lecteur au décentrement, au sens de la limite, au renoncement à la domination cognitive et critique sur l’expérience, lui apprenant une pauvreté qui est source d’une extraordinaire richesse. »
Aujourd’hui, Jean-Baptiste n’annonce pas Jésus par un traité de dogmatique, mais en appelant chacun à trouver dans sa vie les chemins d’une humble bonté, sensible à l’autre avec ses blessures et ses fragilités, avec sa tresse étonnante de péché et de sainteté, dans l’attente de la justice venant avec le Seigneur de la grâce. Ce Dieu est celui devant qui l’on peut danser de joie de toutes ses forces, et il n’en est pas d’autre.
Père Marc Lambret