10 Avr Édito et FIP du dimanche 13 avril 2025
Dimanche des Rameaux et de la Passion
DES ENFANTS ET DES PIERRES
Ni palmes ni rameaux dans l’évangile de Luc ce dimanche, mais des disciples et des pierres. En effet, quand les pharisiens demandent à Jésus de réprimer l’enthousiasme des foules, il leur répond : « Si eux se taisent, les pierres crieront ». Juste après cette entrée royale, Jésus pleure sur Jérusalem qui « n’a pas reconnu en ce jour ce qui donne la paix » ; puis il annonce que ses ennemis vont l’anéantir, elle et ses enfants, ne laissant pas chez elle pierre sur pierre. Ces mots nous rappelle ceux du Baptiste qui, au début de l’évangile, mettait en garde les gens contre l’assurance d’être fils d’Abraham : « Je vous le dis, de ces pierres, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham ».
Nous discernons en ces phrases la ressemblance des mots « fils » et « pierre » en hébreu : bén et ében. Ce n’est pas un hasard, mais l’effet d’une même origine : le verbe « bâtir », banah, qui s’emploie aussi bien pour un édifice que pour une famille ou un peuple. Il s’agit ici du dessein de Dieu qui a promis une descendance innombrable à Abraham, une « maison» éternelle à David, et une Alliance nouvelle à son peuple par l’action de l’Esprit Saint changeant les cœurs de pierre en cœurs de chair. À la lumière de Pâques, nous reconnaissons l’accomplissement de toutes les promesses dans l’édification de l’Église dont les disciples sont les pierres vivantes.
Tel est le propos de Luc dans son évangile et les Actes. Son récit de la Passion nous donne à comprendre que le sacrifice du Fils est le prix pour finir ce qui fut entrepris en Abraham et par l’histoire de la Première Alliance : le salut pour Israël et l’humanité tout entière. L’intronisation de Jésus aux « Rameaux », avec la reprise du chant de louange de Noël, est d’une extrême simplicité : ce souverain est juché sur un ânon qui évoque le « roi pacifique » de la prophétie de Zacharie (Za 9,9), mais aussi annonce l’abaissement du Christ jusqu’à la Croix. Sa résurrection, encore plus discrète, est le seul évènemet qui change le monde et l’accomplit pour toujours.
Père Marc Lambret