13 Fév Édito et FIP du dimanche 16 février 2025
6e Dimanche du Temps ordinaire
LE TEMPS DES PROPHÈTES
« Au temps des prophètes » peut désigner bibliquement la période qui court de la sortie d’Égypte au retour d’Exil, soit une durée de cinq ou six siècles. Avant, c’est la grande époque des Patriarches. Après, l’attente fébrile d’une intervention divine inéluctable dans les tourments d’une instabilité sociale aussi bien que politique, entre occupations étrangères parfois brutales et révoltes aux fortunes diverses. Dans ces derniers temps, alors que « les cieux étaient fermés » comme il se disait pour signifier la disette de prophétie, des Juifs s’illustrèrent pourtant en restant fidèles malgré l’épreuve des tortures et de la mort : les martyrs d’Israël ou Maccabées.
Au temps de Jésus, cette expérience terrible avait induit dans le judaïsme la pensée que ces héros perpétuaient l’expérience des prophètes de jadis, rejetés et persécutés au cours de l’histoire du peuple, tandis que les faux prophètes étaient accueillis avec faveur. L’évangile des béatitudes en Luc que nous entendons aujourd’hui, se fait l’écho de cette tradition en évoquant la manière dont « leurs pères » ont maltraité les uns et flatté les autres. En somme, à toute époque, les circonstances et les acteurs ont beau changer, c’est toujours « sale temps pour les prophètes ». Ou, plus élégamment, aucun prophète n’est bien reçu dans son pays.
« Il en coûte au seigneur de voir mourir les siens », dit le Psalmiste, dissipant ainsi toute tentation de voir dans le Dieu de l’Alliance un amateur de persécutions et d’avanies pour ses fidèles (Ps. 115,15). Pourtant, de même que le Christ fut rejeté, condamné et exécuté par les hommes de son temps, lui qui n’avait fait que le bien, de même ses disciples s’exposent aux tribulations, aux privations et aux exactions du fait même de leur fidélité à leur vocation sainte, en raison de la résistance du monde à l’Évangile. Mais, au moment précis où ils souffrent pour le Nom, la bénédiction vient sur eux pour toujours et leur récompense surabonde dans le ciel.
Père Marc Lambret