06 Fév Édito et FIP du dimanche 9 février 2025
5e Dimanche du Temps ordinaire
MAIS OÙ SONT LES PÊCHES D’ANTAN ?
Le poète qui pleurait la disparition des neiges d’antan pourrait inspirer aujourd’hui les nostalgiques des « sports d’hier » et de la poudreuse légère en abondance de novembre à mai sur nos massifs. Villon, à vrai dire, chantait plutôt, sous la métaphore du blanc manteau, les belles dames bientôt évanouies au soleil de leur splendeur fugace. Mais le refrain doux amer peut s’appliquer, mutatis mutandis, à toute réalité brillant au cœur le plus sensible de nos mémoires et désormais abolie sans espoir de retour. En va-t-il ainsi des conversions de masse comme une pêche miraculeuse ?
Aujourd’hui, en effet, l’on se réjouit de deux ou trois pénitents revenant de loin comme de « gros poissons » dont la taille consolerait de la rareté. On s’émerveille de la croissance « exponentielle » du nombre des catéchumènes adultes en oubliant de la relativiser au regard de la baisse « en chute libre » des baptêmes de bébés et de la pratique dominicale, ces deux expressions étant d’ailleurs aussi incertaines l’une que l’autre du point de vue mathématique ou physique. Pour tout coup de filet phénoménal, il ne reste que des « millions de likes » qui s’évaporent plus vite que des neiges d’antan.
N’oublions pas que les barques ne se remplirent à enfoncer qu’après une nuit de labeur infructueux suivie d’un matin de prédication du Seigneur. Lui-même connut l’engouement de foules conquises, puis leur dissipation comme d’une brume passagère. Au terme de sa vie publique, son salaire fut l’abandon de tous jusqu’à la mise en croix par la main des païens. Ce n’est qu’après Pâques et Pentecôte qu’il put remettre les dispersés en ordre de marche pour l’évangélisation. Mais, à toute époque, elle reste marquée par le rythme du mystère pascal où seul l’Esprit Saint fait passer de la mort à la résurrection.
Père Marc Lambret