10 Jan Édito et FIP du dimanche 12 janvier 2025
Baptême du Seigneur
ATTENDRE L’ESPÉRANCE
Curieuse formule qui frôle le pléonasme : l’espérance n’est-elle pas une sorte d’attente ? C’est pourtant littéralement le texte grec de la lettre à Tite que nous entendons aujourd’hui en deuxième lecture, où le liturgiste insère les mots « que se réalise » dans l’expression : « attendant que se réalise la bienheureuse espérance » 1 ; pour une compréhension plus aisée sans doute. Pourtant, le frottement sémantique pourrait bien ouvrir ici une piste d’interprétation plus profonde de notre condition croyante.
Que l’espérance soit heureuse, c’est l’évidence : malheureuse, ce ne serait pas une espérance ! Pourtant, malheureux, nous le sommes parfois : l’espérance alors faiblit en nous, jusqu’à s’éteindre lorsque l’épreuve est vraiment trop lourde. Alors, il nous reste à attendre que se ranime en notre coeur cette vertu théologale sans laquelle notre vie « tombe en ruines », comme disait une oraison. Et cette attente confiante est déjà une sorte de foi, une foi qui porte en elle l’espérance dont le retour ne manquera pas.
N’est-ce pas l’expérience de Jésus lui-même disant sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » ? Et si ces mots ouvrent le Psaume 22 qui se poursuit bientôt par « Tu m’as répondu ! », n’est-ce pas pour nous encourager à tenir au plus sombre de l’épreuve, « en attendant l’espérance » ? En se soumettant au baptême des pécheurs, lui qui est le Saint de Dieu, le Fils nous montre qu’il assume la totalité de notre humanité pour la libérer de tout mal jusque dans ses plus grandes profondeurs.
Père Marc Lambret
1 Le Missel reprend cette phrase dans la suite du Notre Père en affirmant : « soutenus par ta miséricorde, nous serons libérés de tout péché, à l’abri de toute épreuve… » C’est bien notre espérance d’être un jour ainsi délivrés de notre état précaire et perpétuellement menacé. Mais, en attendant sa réalisation, nous pouvons déjà dire : « à l’abri en toute épreuve » ; c’est-à-dire à l’abri du néant grâce à la foi dans le mystère pascal du Christ.