05 Oct Édito et FIP du dimanche 6 octobre 2024
27e dimanche du temps ordinaire
LE MYSTÈRE DU FACE À FACE ESPÉRÉ
« Il n’est pas bon que l’homme soit seul » : voilà une citation de l’Écriture qui, pour être tronquée, n’en est pas moins utile à entendre comme telle. Mais il ne faudrait pas oublier que la suite dans le livre de la Genèse, et toujours dans la bouche de Dieu qui vient de créer l’homme, est : « Je vais lui faire une aide en face de lui ». Telle est en effet le sens littéral en hébreu de l’expression que la liturgie traduit par « qui lui corresponde ». Ce « en face de » porte toutes sortes de nuances, depuis le vis-à-vis amoureux jusqu’à l’affrontement déterminé.
Le cri de l’homme à la vue de la femme peut se comprendre comme l’émerveillement de découvrir cet être semblable et pourtant autre qui l’attire irrésistiblement. N’y a-t-il pas là une réciprocité, comme aussi à la conclusion : « À cause de cela l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un » ? Mais cette unité dans la durée ne devrait pas être un long fleuve tranquille : les deux ne tiendront ensemble et heureux qu’en assumant l’amour aussi comme une lutte, comme un savoir faire face à l’autre.
Tous les humains n’entrent pas dans l’alliance du mariage conçue pour que l’homme et la femme ne fassent qu’une seule chair toute leur vie, pour leur bonheur et celui de leurs enfants. Et tous ceux qui y entrent ne la vivent pas comme une réussite, tout le temps et jusqu’au bout. Mais ceux qui reçoivent cette chance et savent la cultiver en y mettant du leur sans compter, sont un bienfait essentiel pour toute la société. Et, parmi eux, les époux chrétiens manifestent, dans ce bonheur souvent difficile, l’amour du Christ pour son Église et pour l’humanité.
Bien plus, la vie conjugale dans le sacrement de Mariage constitue un repère pour tout fidèle du Christ qui mène le combat spirituel où Dieu se fait proche « en face de lui ». Elle offre un exemple à tous pour la quête d’un amour universel où chacun aime son prochain comme soi-même, et où tous découvrent l’accomplissement de leur humanité dans une société de bonne compagnie. Et même, elle constitue une analogie en tension vers le mystère de Dieu qui est en lui-même Amour et Sainte-Trinité, cet Autre qui nous attire irrésistiblement.
Père Marc Lambret