20 Sep Édito et FIP du dimanche 22 septembre 2024
25e dimanche du temps ordinaire
LE TEMPS EST SUPÉRIEUR À L’ESPACE
Cette affirmation n’est pas de l’auteur de la Théorie de la relativité : Einstein n’a pas ainsi hiérarchisé les dimensions de l’espace-temps, semble-t-il. Mais le pape François en a conçu l’idée*. Or, cette formule peut nous aider à comprendre le déplacement sémantique qu’opère Jésus aujourd’hui : les disciples discutent pour savoir « qui est le plus grand », et le Christ leur répond : « Si quelqu’un veut être le premier… »
Dans notre conception ordinaire du pouvoir, il s’agit d’être le plus grand : de s’élever au-dessus des autres et de les regarder de haut. De là à vouloir les écraser, s’asseoir sur eux et leur faire sentir son pouvoir, il n’y a pas loin. Tandis qu’être premier évoque une course où l’on peut prendre la tête et parvenir au terme avant les suivants. D’un côté nous imposons une verticalité oppressive, de l’autre nous nous inscrivons dans une flèche du temps dynamique.
Cette façon d’entendre résonne avec la course au tombeau relatée par l’évangile de Jean : le disciple bien-aimé court plus vite et arrive avant Pierre. Or, le premier ressemble à l’enfant de notre évangile, tandis que Pierre vient de se faire rabrouer par le Seigneur pour avoir refusé la perspective de la croix. En effet, le pouvoir du Christ lui vient de l’acceptation de ce sacrifice, et nous n’en n’avons pas d’autre.
« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ». Cet appel à suivre le Christ jusqu’au bout de l’amour est notre vocation baptismale, et la source du pouvoir sans limite de Dieu contre Satan. Ne cherchons pas à prendre le dessus sur les hommes qui s’égarent, montrons-leur plutôt le chemin de la Vie par notre existence d’amour en ce monde.
Père Marc Lambret
* La joie de l’Évangile, exhortation en la fête du Christ-Roi 2013, n° 222